« La Médecine Sexuelle est une discipline en interaction avec toutes les spécialités médicales. Prendre en compte les questions relatives à la sexualité s’intègre dans une démarche de prise en charge d’un individu et non pas uniquement de la pathologie dont il souffre. C’est prendre en compte la souffrance d’un individu mais également de son/sa partenaire. Les troubles sexuels sont particulièrement fréquents dans de nombreux domaines : »
Cancers et sexualité
Le cancer est aujourd’hui de plus en plus souvent une maladie chronique. Les plans cancer mettent l’accent sur une approche globale du patient et non pas uniquement sur sa tumeur et le traitement de celle-ci. Ils s’intéressent au premier plan à la qualité de vie et la santé sexuelle en est un élément majeur. Or la morbidité sexuelle est fréquente chez ces patients, particulièrement en cas de cancers pelviens et du sein, de chimiothérapie et d’hormonothérapie. Les malades et leurs partenaires sont très demandeurs d’information, de réassurance et souvent d’une prise en charge spécifique.
Maladies cardio-vasculaires et sexualité
La dysfonction sexuelle la plus étudiée est la dysfonction érectile, c’est également la plus fréquente. De nombreuses études ont mis en évidence le fait qu’elle pouvait être un marqueur précoce d’une maladie coronarienne silencieuse. Ceci souligne l’importance d’évaluer la fonction sexuelle d’un patient présentant des facteurs de risque vasculaires par ailleurs (tabac, surpoids, cholestérol…). Inversement, la prévalence de la dysfonction érectile chez les patients coronariens, hypertendus ou insuffisants cardiaques est très importante. Traiter le trouble sexuel permet d’améliorer l’observance au traitement du trouble cardiaque et contribue aussi à améliorer le risque cardiovasculaire.
Diabète, endocrinopathies et sexualité
La dysfonction érectile est plus fréquente chez les patients diabétique et apparaît à un âge plus jeune que chez les non diabétiques. Cela concerne environ 1 diabétique sur 2. Le déficit en Testostérone lié à l’âge est responsable de troubles sexuels chez l’homme (désir, érection). Il est souvent associé au syndrome métabolique et au diabète. Les signes cliniques étant peu spécifiques, ce trouble est rarement diagnostiqué mais son impact sur la qualité de vie est important sur le plan physique, psychique et sexuel. Tout dysfonctionnement thyroïdien peut aussi être associé à des troubles sexuels : dysfonction érectile mais aussi éjaculation prématurée pour ce qui concerne l’hyperthyroïdie. D’autres endocrinopathies peuvent être impliquées dans la survenue de troubles sexuels (hyper prolactinémie, insuffisance surrénalienne, acromégalie).
Handicap et sexualité
Aujourd’hui plus personne ne conteste le droit des personnes handicapées à vivre une sexualité mais le discours à ce sujet est trop souvent limité aux débats sur l’assistance sexuelle. Les difficultés sexuelles en condition de handicap sont peu évoquées et trop rarement prises en charge alors que les moyens médicaux actuels permettent souvent d’améliorer la fonction sexuelle et de permettre la procréation.
Troubles psychiques, dépression et sexualité, addictions, risque suicidaire
Les dysfonctions sexuelles sont plus fréquentes chez les patients dépressifs (troubles du désir, dysfonction érectile) et inversement la dépression est plus fréquente chez les patients présentant des difficultés sexuelles. Par ailleurs, la guérison du syndrome dépressif améliore la dysfonction sexuelle, tout comme l’amélioration de la fonction sexuelle améliore l’humeur. Les dysfonctions sexuelles, par ailleurs, sont souvent attribuées aux traitements de la dépression, ce qui impacte l’observance.
Chez les patients psychotiques, les traitements notamment neuroleptiques, peuvent être volontairement arrêtés en raison de difficultés sexuelles, avec des conséquences importantes.
De même les difficultés sexuelles peuvent engendrer des problèmes d’addiction notamment à l’alcool et des comportements violents dans le couple.
Les problèmes d’abus sexuels durant l’enfance, de troubles de l’identité sexuelle peuvent entrainer des comportements suicidaires à l’âge adulte
Troubles urinaires et sexualité
Chez l’homme, la relation entre troubles urinaires liés à l’hypertrophie bénigne de la prostate et dysfonction érectile ou troubles de l’éjaculation est de mieux en mieux connue. 1 homme sur 2 après 50 ans est confronté à un trouble de l’érection tout comme 1 homme sur 2 présente des troubles urinaires en relation avec la prostate. Par ailleurs, tous les traitements du cancer de la prostate impactent la fonction sexuelle. Chez la femme, les troubles de la statique pelvienne et notamment l’incontinence urinaire, ont un impact délétère sur la fonction sexuelle.
Reproduction et sexualité
Depuis les années 70, la reproduction a été dissociée de la sexualité, grâce à l’usage de la pilule contraceptive qui permet d’éviter des grossesses non désirées. Beaucoup de couples sont au contraire confrontés à l’infertilité et en cas d’infertilité, les troubles sexuels sont plus importants que dans la population générale. Ils sont en grande partie liés à la médicalisation de la procréation. Plus rarement, des troubles sexuels peuvent être aussi à l’origine de l’infertilité.
Autres Pathologies
D’une manière générale, la sexualité est impactée par beaucoup de maladies chroniques, citons par exemple les pathologies neurologiques comme la sclérose en plaque, les pathologies intestinales chroniques inflammatoires, les pathologies dermatologiques tel le psoriasis, la broncho pneumopathie obstructive, l’hypertrophie bénigne de la prostate…
En prenant en charge les difficultés sexuelles de ces patients tant sur le plan organique que sur le plan psychologique et relationnel le médecin sexologue améliore l’état de santé, l’humeur et la qualité de la survie de bien des patients chroniques et contribue ainsi pleinement aux économies de santé en évitant les surcoûts que pourraient entrainer les complications et aggravations des pathologies sous-jacentes.